
Vieux pagus gallo-romain, théâtre des guerres de Vendée, les Mauges1 inclinent une immense table schisteuse (à l’extrémité du Massif armoricain), depuis la vallée de la Sèvre nantaise, au sud, à la rive gauche de la Loire, au nord, et à la vallée du Layon, à l’est. Le relief, modelé en creux avec des vallées profondément encaissées et un réseau hydrographique dense, porte un bocage caractéristique tourné vers l’élevage (bovins, avec notamment le bœuf Maine-Anjou, mais aussi porcs, volailles) et la polyculture : céréales, tabac, arbres fruitiers, plantes médicinales (région de Chemillé). Des vallons boisés rompent la monotonie de ces herbages et cultures quadrillés de haies arborescentes. A l’ouest, vers le vignoble nantais, le bocage laisse place progressivement aux espaces viticoles. De même, à l’est des Mauges, la viticulture s’impose dans la vallée du Layon.
Ce territoire à forte identité, densément peuplé, ponctué de bourgs aux austères maisons en pierre de granit ou de schiste, est marqué depuis plus d’un siècle par l’industrie, notamment celle du textile (les fameux mouchoirs de Cholet ont fait le tour du monde !). De nos jours, le secteur de l’agro-alimentaire et de l’électronique par exemple, ont pris le relais. L’impact économique autant qu’administratif de Cholet fut tel qu’un Choletais a même finit par se superposer sur ce secteur des Mauges méridionales, au point qu’on se demande parfois s’il s’agit toujours des… Mauges. Cette entité particulière rayonne également sur les pays voisins du Haut-Bocage vendéen et du Bocage Bressuirais. En cette partie méridionale des Mauges, où de modestes bombements granitiques annoncent les collines vendéennes, il arrive que le géographe parle de « Vendée angevine ».
A l’opposé, les Mauges ligériennes, chères à l’éminent écrivain Julien Gracq, revêtent un caractère beaucoup plus riant et participent à cette douceur angevine vantée par un autre poète, Joachim du Bellay.
Gastronomie
Les poissons du fleuve y ont influencé la gastronomie : matelote d’anguille (bouilleture de la Loire), alose farcie à l’oseille, saumon de Loire à l’oseille, lamproie marine, brochet (brochet au beurre blanc), sandre, friture de la Loire (voir à région Centre). Produits et spécialités des Mauges : fressure et gogue angevine, rillaud et rillon vendéen, rillettes de porc, pâté de campagne, jambon de Vendée, saucisse au muscadet, saucisson, andouillette au layon, civet de porc, langue en gelée, poulet, dinde et poularde de Cholet (poularde à l’angevine), pintade au chou, canard et oie (foie gras fermier, oie rôtie…), pigeonneau d’Anjou rôti (ou braisé, ou laqué), escargots, lapin au muscadet, chouée, embeurrée de chou (voir à région Poitou-Charentes), potée vendéenne, mogette de Vendée, préfou.
Desserts : caillebotte (caillebotte angevine), brioche vendéenne, pâté aux prunes, bottereau, miel, confitures.
Douceurs : chocolats de Cholet (« mouchoir », « cholon »), pâtes de fruits du monastère de Bellefontaine. Camomille d’Anjou.
1 L’étymologie du pagus medalgicus gallo-romain, plus tard annexé par les Bretons, puis par l’Anjou, reste controversée : le nom vient-il de mala gens (« méchantes gens », terme prêté à César pour qualifier les populations autochtones, mais qui semble fantaisiste) ou bien de metallicus (« métal ») qui fait référence aux mines de plomb, de fer, exploitées localement depuis des temps reculés ?
Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.
A propos du membre
Frédéric Zégierman

Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.