Description
“Fruit” choyé des abeilles, le miel de Corse doit sa variété et son originalité (couleur, texture, arôme) à la multiplicité des milieux (relief, micro-climat, flore) que concentre l’île.
Ces miels se classent ainsi en six catégories : miel de printemps (récolté en plaine et dans les fonds de vallée, doux, clair, doré, au goût fruité ou floral) ; miel de maquis de printemps (ambré, parfumé, riche en bouche, au goût délicat de caramel-cacao) ; miellat du maquis (d’ambré à très foncé, au goût prononcé, malté) ; miel de la châtaigneraie (ambré à ambré foncé, au goût tannique, sauvage, avec une once d’amertume en fin de bouche) ; miel de maquis d’été (doux, clair, doré et aromatique, issu des plantes de montagne); miel de maquis d’automne (ambré à ambré clair, développant des arômes de café).
Dans l’assiette
Hormis leurs applications traditionnelles pour sucrer les boissons chaudes ou les tartines de pain, ces miels s’utilisent dans des plats (avec de l’agneau, des volailles) ou des desserts (crème glacée), en pâtisserie et en confiserie.
Un peu d’histoire
Dès l’Antiquité, les miels corses jouissent d’une forte réputation, comme en témoignent certains écrits grecs et romains. Cette activité n’aura de cesse de se développer, au point que, à certaines périodes, l’île paiera des tributs en miel et en cire à ses envahisseurs ! Il ne se trouvait guère de famille ne possédant sa propre ruche, certaines étant intégrées aux murs des habitations. Alternant des phases de grand dynamisme et de régression (liée aux guerres, au saignées démographiques, à l’assainissement des plaines en produits chimiques et à une épidémie d’acariose), l’apiculture corse s’installera dans une baisse durable dans la première moitié du XIXe siècle, au point de presque disparaître, hormis dans ses fiefs à forte tradition apicole (Quenza, Bastelica, Belgodère, Moltifau et Castifau).
Malgré diverses tentatives de relance, l’activité stagnera jusqu’à 1976, année charnière où un groupe d’apiculteurs met en place un véritable plan de développement de leur filière, alliant recherche et commercialisation. Cet élan aboutira à l’obtention d’une Appellation d’Origine Contrôlée (AOC), garantissant la traçabilité des produits et le respect du cahier des charges. L’augmentation sensible de la production qui s’ensuivra portera celle-ci autour des 250 tonnes annuelles.
Désormais, comme l’ensemble de leurs collègues continentaux, les apiculteurs insulaires doivent affronter le pire problème que n’ait jamais connu la profession : celui de la surmortalité des abeilles, entraînant la disparition de milliers d’essaims.
Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.
A propos du membre
Frédéric Zégierman

Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.