Le Libournais, limité au sud par la vallée de la Dordogne, rassemble une suite de micro-pays plus ou moins vallonnés : au nord-ouest, le Fronsadais, auquel se joint le Cubzaguais voisin ; au nord, en bordure forestière des landes hautes-saintongeaises et de celles de la Double périgourdine, les pays de Guîtres et de Coutras ; à l’est, ceux de Castillon-la-Bataille et de Lussac, le Saint-Émilionnais. Enfin, le Libournais lui-même, exerçant une attraction sur les communes riveraines de l’Entre-deux-Mers.
Libourne, seconde ville du département de la Gironde, règne ainsi sur des terroirs fort divers et peut s’enorgueillir de crus de réputation internationale : pommerol, saint-émilion, fronsac… La conjonction d’un milieu naturel exceptionnel (sols caillouteux et secs, constitués de silice argilo-calcaire, recouverts de limons ou de nappes de graves) planté de nobles cépages et d’un savoir-faire patient donne des vins alliant à la délicatesse des bordeaux la robustesse des grands bourgognes. Cette terre hospitalière, égayée de sous-bois, de collines verdoyantes à l’approche du Périgord, de mille cours d’eau, peut se déguster tout autrement. Un réseau de routelettes et de sentiers, débouchant au milieu des rangs de ceps, emmène à la découverte d’un inestimable patrimoine archéologique et monumental : mégalithes, églises romanes, châteaux viticoles.
Le Fronsadais, séparé du Libournais par la vallée de l’Isle, se reconnaît à ses douces croupes, aux versants parfois raides, parsemées de vignobles. Cette géomorphologie résulte de l’érosion, qui a affouillé la molasse disposée sur des assises calcaires. La partie centrale et surtout la côte génèrent ce vin rouge, charnu et épicé, se bonifiant avec l’âge et accompagnant à merveille gibiers (palombes, grives, lièvres) et viandes. Vestiges de moulins, belles églises romanes. Au nord-ouest, tirant sur le Blayais et le Bourgeais, bien que d’un relief moins vigoureux, le Cubzaguais (quelques communes autour de Saint-André-de-Cubzac) présente des sites empreints de noblesse, où la vigne relève de la monoculture.
Les pays de Guîtres et de Coutras se situent au nord du Libournais. La vigne s’y estompe au profit des bois et de l’élevage laitier.
Le Saint-Émilionnais convie, lui, à un circuit courant au milieu des vignes, fleuri de ravissantes églises romanes. Sa capitale, Saint-Émilion, au riche passé, est un pur joyau de l’architecture médiévale. Les saint-émilion, vins de caractère au subtil bouquet, se parent du plus profond rubis. Dans le pays de Castillon, les vignes (côtes de Francs), cultivées sur les coteaux reculent devant les bois et les cultures.
Gastronomie
Au pays du bien-manger, vous apprécierez le foie gras (foie gras du Sud-Ouest) et le jambon de pays, le poulet fermier, du gibier de choix, l’anguille persillée, l’alose, la lamproie (lamproie à la bordelaise), les viandes de bœuf de Bazas et de bœuf blond d’Aquitaine, souvent nappées de sauce bordelaise (entrecôte à la bordelaise), la viande d’agneau de Pauillac, le cèpe (cèpes à la bordelaise).
Egalement : tourin bordelais (voir tourin blanchi), soupe au potiron, salade ou omelette à l’aillet (aillet), confit de porc (voir à enchaud), gras-double à la bordelaise, tricandille… cruchade bordelaise (voir cruchade à région Poitou-Charentes).
Desserts : macaron de Saint-Émilion et gâteau de Saint-Emilion (couches de macarons humectés d’alcool alternant avec une crème chocolatée), canelé, merveille.
Spiritueux : fine de Bordeaux.
Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.
A propos du membre
Frédéric Zégierman
Valence (26000)
Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.
