Le Brignolais, le Centre Var et Haut Var

Au carrefour de ce que l’on appelle « Centre Var » et « Haut Var », le Brignolais déploie ses mamelonnements où verdoient pins et maquis et où rougeoient les terres à bauxite. La polyculture, damier de vignobles, d’oliveraies et de vergers, enserre quelques jardins gardés par des bastides aux façades fanées. Des campaniles au-dessus des toits ocre-rose signalent des villages aux rues étroites et caladées¹, attachés à leurs traditions. Au sud-ouest, à portée des métropoles toulonnaise et marseillaise, le massif de la Sainte-Baume convie à la connaissance d’un monde botanique unique, aux ombrages empreints de spiritualité. Au nord du Brignolais débute le Haut Var. Jusqu’aux années 1970, la bauxite est restée le principal secteur industriel du Brignolais.

Brignoles, centre viticole et commerçant, étage de vieilles ruelles tortueuses sur une colline couronnée d’un château.

Gastronomie

Productions : gibier (sanglier, chevreuil, lièvre, lapin de garenne), poissons (truite, chevenne, gardon, ablette, vairon), écrevisses, champignons (bolet jaune, cèpe, lactaire, pied de mouton, truffe noire de Provence), charcuterie (dont caillette provençale), fromage de chèvre et de brebis (brousse du Var), légumes (tomate, courgette, courge, pâtisson, blette², poivron, piment, salades, oignon, cébette, pois chiche), fruits (pêche, prune³, figue de Solliès, marron du Var dit marron du Luc, fruits des bois… olive) et légumes. Egalement : tapenade, huile d’olive, miel de Provence, herbes de Provence. Boulangerie : fougasse.
Délices d’autrefois : pistole (prune confite), patience (biscuit rond), tarte aux figues, pompe à l’huile, gâteau des rois.
Spécialités : soupe au pistou, soupe de pois chiche, gratin de potiron, tomates à la provençale, caviar d’aubergine, beignet d’aubergine, fleur de courgette farcie, aïoli et grand aïoli, daube provençale, civet de lièvre, lapin en paquets à la brignolaise, daube de sanglier, civet de porcelet.

La Sainte-Baume est une chaîne calcaire boisée couvrant un rectangle d’une trentaine de kilomètres (des vallées de l’Huveaune à l’Issole) sur douze (de la montagne de Régagnas et des monts Auréliens à la plaine de Signes). Château d’eau grouillant de sources, cet éden botanique abrite une profusion de plantes et de fleurs du Midi (lavande, thym, genêt, orchidée, clématite) et du nord (ancolie des Alpes, lys martagon, panicaut). Oiseaux, insectes, reptiles et mammifères (dont lièvres et lapins) y abondent. L’abrupte falaise nord surplombe le plateau du Plan d’Aups, où une forêt préservée depuis deux mille ans rassemble érables, hêtres, chênes blancs, ormes, frênes, cornouillers, trembles, sycomores, ifs, tilleuls, pins sylvestres, peupliers… Sur le versant sud se rencontre un couvert plus méridional (yeuses, pins, genévriers).
Dans une plaine fertile, au pied de la blancheur crayeuse de la Sainte-Baume, émerge la basilique de Saint-Maximin, chef d’oeuvre du gothique provençal.

Le centre Var, prolongement du massif de la Sainte-Baume, dessine une sorte de triangle, des vallées du Caramy et de l’Argens, au nord, à la vallée du Gapeau au sud-ouest, à la plaine fertile de Cuers à Gonfaron et au Luc, au sud-est. Plusieurs unités naturelles s’y juxtaposent : la montagne de la Loube (très escarpée, rochers ruiniformes, végétation abondante), les barres de Cuers (falaises calcaires longues de 5 kilomètres, couvertes de landes arbustives ou à thym et à romarin, de chênes blancs dans les vallons et de chênes verts aux endroits exposés au soleil) et de Saint-Quinis, le plateau de Thèmes, le bois de Gonfaron (arrière-pays boisé des Maures), le bassin du Luc (versant septentrional des Maures).

Le Luc, noeud routier et gros centre agricole (sur l’antique voie Aurélienne), dominé par les ruines d’une forteresse médiévale, pourrait être la capitale du centre Var. Jadis réputée pour son eau minérale et ses châtaignes, au coeur d’une riche plaine à blé, la ville comptera de nombreuses activités (sériciculture, bouchonnerie, chapellerie) dont seules subsistent celles oléicoles et viticoles.

Le Haut Var, de la vallée du Verdon au Brignolais et au Dracénois, trace un vaste périmètre dans cette fraîche Provence intérieure. Son centre de gravité se fixe entre les pays d’Aups et de Salernes, alors qu’à l’ouest ceux de Rians, de Saint-Maximin et de Barjols appartiennent à un « arrière-pays varois » difficile à nommer. Prémices tant des contreforts alpins que des côtes méditerranéennes, ces falaises, collines, rivières, bois de chênes et de pins, prairies, oliveraies, coteaux viticoles, champs céréaliers, lavanderaies sont autant de cartes postales parfumées. Les campaniles signalent des bourgs typiquement provençaux, aux ruelles étroites en escaliers, aux places et aux cours ombragés de platanes, où murmurent des fontaines. Des portes s’ouvrent sur des intérieurs de maisons (un peu sombres) où le carrelage de tomettes est de règle.
Au pied de la montagne des Espiguières, Aups est une cité charmante. Idem pour Barjols, centre de tanneries, connue pour sa fête des Tripettes, qui doit son surnom de « Tivoli de la Provence » à ses fontaines, ses sources et ses places ombragées.

¹ Une rue caladée est une rue en pente pavée, en Provence.

² Blette, voir à blette de Nice.

³ Dont la perdrigone, une excellente prune à tarte, très sucrée, quasi oubliée, employée jadis pour la confection de pruneaux secs appelés « pistoles ».