Poursuivant de ses blancs vallonnements les champagnes découvertes du sud-charentais, le Ribéracois n’en affirme pas moins son identité périgourdine, à commencer par sa langue vernaculaire, dernier bastion d’Occitanie avant les parlers d’oïl de l’Angoumois. En outre, la concentration des églises romanes à coupoles (technique utilisée pour le voûtement des édifices), y célèbre le passage en un monde enchanteur, celui du Périgord, avec ses myriades de châteaux ou nobles demeures ! La table périgourdine, avec ses produits royaux tels la truffe, le foie gras, le cèpe ou la noix, fait du Ribéracois l’un de ses dignes représentants. Et il n’est pas plus ribéracois que ces maisons traditionnelles, avec leur cour, leur toiture à deux pans recouverte de l’ocre des tuiles canal.
La végétation, soumise à un climat doux et humide, se pare de hautes ramures et de verdoyantes prairies à mesure que l’on gagne le Nontronnais ou le Périgord central. Ainsi, autour du plateau céréalier (blé, orge, maïs hybride, colza) correspondant au canton de Ribérac, sillonné par la traînée de verdure du val de Dronne cloisonnée de quelques haies et piquée de noyers, s’articulent plusieurs micro-pays. Au nord, le Verteillacois, avec ses églises-forteresses, tantôt recouvertes de coupoles, reste une plaine calcaire, riche en groies fertiles. Plus au nord encore, les hauteurs boisées du Mareuillais – l’une des quatre baronnies du Périgord, vibrant de souvenirs historiques – s’apparentent encore au Périgord blanc. Plus à l’est, le canton de Montagrier, avec encore le val de Dronne, croule sous ses trésors : églises romanes, cluzeaux et vestiges préhistoriques, guirlande de manoirs et châteaux ! Enfin, les régions de Brantôme (haut lieu touristique, son clocher, son abbaye bénédictine) et de Bourdeilles (avec son château).
Après la Seconde Guerre mondiale, l’exode rural a accentué le remembrement. Des exploitations modernes associent aux céréales le tabac, les fourrages, des spécificités telle la fraise, le tournesol, l’élevage bovin (veaux blancs de batterie), ovin et, bien sûr, la basse-cour.
Chaque vendredi matin, jour du grand marché, Ribérac est réveillée par le caquetage des volailles.
Gastronomie
Produits et spécialités gastronomiques : tourin à l’ail (voir tourin blanchi), tourin à la tomate, tourin des noces… soupe au giraumon (courge), confit d’oie ou de canard, magrets, foie gras (foie gras du Sud-Ouest), cou d’oie ou de canard farci, galantine et ballotine de dinde, toupines, pâtés et terrines, boudin périgourdin, enchaud périgourdin (voir enchaud), poissons d’eau douce, conserves, champignons (cèpe), cabécou du Périgord, fruits (dont fraise du Périgord).
Egalement : viande de bœuf blond d’Aquitaine, veau de Chalais (voir à Poitou-Charentes).
Devenus rares : soufflâme (voir sous flamme à région Poitou-Charentes), millas1.
Recette attachée à Ribérac : lièvre à la royale.
1 Gâteau de maïs du Grand Sud-Ouest (de la Saintonge au Midi toulousain en passant par le Limousin, du Périgord au Bordelais en passant par les Landes et le Béarn), salé (avec de la courge) ou sucré (enrichi de pruneau ou de raisins secs)… Voir milhassou au potiron (région Midi-Pyrénées) et millas charentais (région Poitou-Charentes).
Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.
A propos du membre
Frédéric Zégierman
Valence (26000)
Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.
