La fraise de plougastel

Bretagne

Aucun commentaire Catégorie : Fruit

Description

Plougastel, en bordure de la rade de Brest, s’est taillé une solide réputation grâce à sa fraise dont la culture, pionnière en France, remonte au XVIIIe siècle. Il n’existe cependant pas de fraise locale spécifique : on y cultive plusieurs variétés (elsanta, valeta, darline), la plus en vue étant la gariguette.

Les fruits bénéficient pour leur croissance d’un micro-climat engendré par les effets du Gulf Stream et d’un sol siliceux parfaitement approprié qui permet de limiter l’apport d’engrais. De nos jours, cette fraise se cultive sous abri, sur des supports placés à a peu près un mètre du sol, ce qui évite de se baisser pour la récolter ! Le ramassage exige, toutefois, beaucoup de délicatesse pour ne pas abîmer le fruit.

Comme toutes les fraises, la fraise bretonne contient de nombreux éléments constitutifs vitaux pour notre santé (vitamine C, potassium, acide folique, acide pantothénique, magnésium). Diurétique et tonifiante, elle s’utilise aussi en cosmétologie pour combattre les rides et le vieillissement cellulaire de la peau.

En tarte ou en soupe froide, à la crème, à la Chantilly, au sucre, en coulis, en glace, en confiture et même distillée (liqueur de fraise de Plougastel), ses interprétations sont variées, mais rien ne vaut une fraise bien mûre, dégustée nature qui exprime alors au mieux tous ses arômes.

La fraise, qui appartient à la famille des roses, était connue à l’état sauvage dès l’Antiquité et cueillie pour ses vertus thérapeutiques. Son introduction en France (où l’on ne connaissait que la fraise des bois) est due à un militaire savoyard, Amédée-François Frézier (si si !!) qui, en 1740, ramena du Chili cette curieuse plante et en offrit plusieurs pieds au jardin botanique de Brest. Implantée tout d’abord à Keralliou, cette fraise sera transférée sur la commune de Plougastel (au sein d’une région formant une presqu’île effilée en rade brestoise, dessinée par la rivière Daoulas au sud et l’Elorn au nord), suscitant bientôt une frénésie chez les agriculteurs qui vont lui consacrer leurs terres. Au milieu du XIXe siècle, la fraise primitive s’est effacée depuis longtemps au profit de variétés plus précoces que leur ancêtre chilienne et Plougastel est la capitale incontestée de la production de fraise, bien que celle-ci se soit acclimatée avec succès dans d’autres régions… A son apogée, de 1920 à 1950, la production de fraise sur la commune de Plougastel tourne autour de 6 000 tonnes (seconde région derrière Metz), soit le quart de la production française, exportant vers Paris, puis l’Angleterre… L’âge d’or touche à sa fin dans les années 50, la production chutant sous le seuil des 500 tonnes ! En dépit d’efforts pour relancer la filière (en 1997, le Musée de Plougastel devient « Musée de la Fraise et du Patrimoine », unique en France), celle-ci ne représente plus qu’1% à 2% de la production nationale, avec quelque 900 tonnes par an, aujourd’hui

Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.

A propos du membre

Frédéric Zégierman Valence (26000)

Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.

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Les terroirs de fraise de Plougastel