La noix de grenoble

Rhône Alpes

Aucun commentaire Catégorie : Fruit

Description

Avec sa coque blonde joliment galbée renfermant un cerneau charnu et savoureux, la noix de Grenoble s’est assurée une solide notoriété en France comme à l’étranger.

De gros calibre (jusqu’à 4,5 centimètres de hauteur et 3,2 centimètres d’épaisseur pour la qualité « extra »), cette noix grenobloise concerne trois variétés : la mayette, la parisienne et la franquette. Pour prétendre à son Appellation d’Origine Contrôlée, elle se doit d’être cultivée à l’intérieur d’une aire précise qui s’étend sur la majeure partie du département de l’Isère (premier producteur devant celui de la Dordogne) et sur le nord-est de celui de la Drôme. Les cantons de Tullins, Vinay, Saint-Marcellin et Pont-en-Royans rassemblent les trois-quarts des volumes.

Le noyer s’épanouit sur un sol légèrement acide. La récolte se fait par secouage (manuel ou mécanique). Après le lavage (pratique en perte de vitesse), les noix fraîches, qui représentent le tiers du marché, sont commercialisées de mi-septembre jusqu’à fin octobre. Le reste est séché dans des séchoirs traditionnels ou par ventilation. Lors de leur conditionnement s’opère un tri permettant de classer les fruits selon leur calibre et d’écarter ceux qui seront transformés en cerneaux.

Fraîche ou sèche, cette magnifique noix de table (riche en huile, en sels minéraux et en vitamines), se consomme nature, au dessert ou pour l’apéritif. Multiples sont ses utilisations en cuisine (salades), pâtisserie (gâteau aux noix, tarte aux noix…), confiserie (noix fourrée, chocolat et nougat aux noix, confiture… glace), boulangerie (pain aux noix). Et puis, il y a l’huile de noix, le vin de noix (apéritif).

La culture du noyer est une vieille tradition du Dauphiné. Au XIe siècle, certaines redevances se règlent en setiers de noix. Aux XIV et XVe siècles, les comptes des châtelains attestent d’abondantes récoltes. Vers 1730, des documents font état de ce que toute la campagne est couverte de noyers, bien que la vigne prédomine (comme l’indique le nom de Vinay… promise à devenir la capitale de la noix !). Mais l’économie locale sera bouleversée par deux fléaux : en 1858, la maladie des vers à soie, entraînant l’arrachage des mûriers, puis, en 1870 et en 1927, les attaques du phylloxera qui conduiront au démantèlement de la vigne. De vastes noyeraies (peu exigeantes en main-d’œuvre) se constituent alors, en particulier dans le Bas-Dauphiné, et on assiste à l‘émergence d’une « civilisation de la noix ». Rien ne se perd : cerneau pour la nourriture, huile pour l’éclairage, coque pour le chauffage et l’artisanat (boîtelette, bijou sculptés), brou pour la teinture, bois de l’arbre pour l’ébénisterie, feuilles pour la pharmacie, tourteau pour les bêtes… Les « mondées » deviennent le prétexte à une fête entre voisins.

Après la Grande Guerre, période où le noyer sera décimé, victime de la qualité de son bois (transformé en crosses de fusils !), les replantations s’organisent. En 1938, grande première pour un fruit, la noix de Grenoble obtient une AOC (Appellation d‘Origine Contrôlée). Actuellement, la production annuelle oscille entre 10000 à 12000 tonnes1, dont plus de la moitié part à l’export.

1 La production moyenne de noix françaises est de l’ordre de 25 000 tonnes, dont 4 000 tonnes de cerneaux.

Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.

A propos du membre

Frédéric Zégierman Valence (26000)

Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.

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Les terroirs de noix de Grenoble