Le Briançonnais doit sa profonde originalité à une physionomie contrastée, résultat d’une géologie complexe, et à des évolutions socio-économiques qui l’ont marqué, liées à sa position de carrefour. Cette haute montagne, drainée par le haut bassin hydrographique de la Durance, oppose à des vallées encaissées des hauteurs impressionnantes (dénivellations brutales pouvant passer de 1 000 à plus de 4 000 mètres), à des plaines des plateaux désertiques, à une flore méditerranéenne des forêts de mélèzes et de pins, des alpages… Plus haut pays habité des Alpes françaises (2 183 mètres de moyenne), sujet à de fortes amplitudes de températures, il est protégé des vents et des pluies par la barrière du Pelvoux et détient le record de France d’ensoleillement. Ces extrêmes engendrent une flore et une faune variées que protège (en Vallouise et en haute Romanche) le parc national des Écrins.
Cinq vallées convergent en étoile vers le bassin de Briançon : au nord-ouest, la majestueuse Guisane, menant au col du Lautaret, est la plus peuplée et la plus riche, ayant maintenu une agriculture aux côtés des loisirs de neige ; sensiblement parrallèle, la Clarée comporte une série de bassins verdoyants séparés par des verrous que la rivière franchit en cascade ; au sud-est, la Cerveyrette, la mieux préservée, atteint le bassin de Cervières d’où elle gagne Briançon par une gorge fortement enfoncée ; venant du nord-est, la Durance, grossie de tous ses affluents à Briançon, traverse un large bassin communiquant avec l’Argentière par une gorge encaissée ; enfin le torrent des Ayes. Le Briançonnais comprend en outre deux vallées extérieures : au sud-ouest, la Vallouise et au nord-ouest, la haute Romanche.
Charmante petite ville montueuse en surplomb des vallées de la Durance et de la Guisane, Briançon, jadis enrichie par le commerce transalpin, garde de ses remparts le souvenir de son passé militaire.
Gastronomie
Spécialités briançonnaises : soupe de crouzets1, viande de mouton, d’agneau et de chevreau de lait, saucisse de chou et saucisse d’herbes2, tomme de vache, bleu du Briançonnais, toupina (restes de fromages fermentés avec de l’eau-de-vie, du vin blanc, sel, poivre ; voir cachaille), bugnes (beignets).
Boisson : bière des Alpes (brasserie Alphand).
La Vallouise, superbe vallée des Alpes dauphinoises, s’enfonce au pied des hardis sommets du massif des Écrins. Prairies piquées de pins, forêts de mélèzes (à l’ubac), landes à genévriers (en altitude), rhododendrons, puis pâturages… villages et hameaux sont groupés au creux des vallées. Dans les ruelles, d’imposantes maisons de style briançonnais se singularisent par leurs arcades. Sur le bord des routes, chapelles miniatures et leurs cimetières. Durant quatre siècles, la Vallouise servira d’asile aux Vaudois.
La haute Romanche est cette vallée dominée au sud par le spectacle grandiose de la Meije, taillée dans les roches cristallines du Pelvoux. La rivière (qui appartient au bassin du Drac) traverse pourtant des reliefs modérés, rejoint le bassin de La Grave, creusé dans les schistes qui se poursuivent vers le nord par une série de replats, que surplombent les calcaires dolomitiques du Galibier et le flysch des Trois Évêchés. Malgré un climat rigoureux, la haute Romanche, lieu de passage redouté, a nourri sur son sol ingrat des générations de paysans depuis l’Antiquité. Au Moyen Âge, la polyculture vivrière (seigle notamment) a façonné ces pentes, vouées, à la suite d’un exode rural massif au XIXe siècle, à l’estive des ovins et des bovins ainsi qu’au tourisme. Le pays se rattache au Briançonnais plus qu’à l’Oisans depuis que ses habitants ont préféré le département des Hautes Alpes à celui de l’Isère.
1 Crouzet provençal, à rapprocher du crozet (voir à région Rhône-Alpes).
2 Voir saucisse d’herbes à région Rhône-Alpes.
Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.
A propos du membre
Frédéric Zégierman
Valence (26000)Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.