La bière du Nord

Description

La fabrication et la consommation de la bière dans le Nord-Pas-de-Calais jouent un rôle primordial dans la vie économique, sociale, culturelle et gastronomique régionale. Certaines de ces bières jouissent d’une renommée dans la France entière. Parmi celles-ci, citons :
- la Grain d’Orge (élaborée par la brasserie Jeanne d’Arc, une bière de tradition, de haute fermentation, dont l’arôme fumé résulte du brassage de plusieurs malts et de houblons),
- la Belzebuth (bière de fermentation haute à la robe cuivrée titrant à 13 °),
- la Ch’Ti (de la brasserie Castelain, une bière savoureuse, ronde et moelleuse, à l’arôme délicat et fin),
- la Saint-Poloise (une belle blonde dorée de caractère),
- la Trois-Monts (de la brasserie Saint-Sylvestre, dans les Flandres, près du Mont-de-Cats, du Mont Cassel et du Mont Des Recollets ; une bière blonde, savoureuse, de haute fermentation, titrant 8,5 °).
- D’autres noms viennent spontanément à l’esprit : Goudale, Angelus (bière de garde de la brasserie d’Annoeulin reproduisant sur son étiquette le tableau de Millet), Jenlain (brasserie Duyck), Blanche de Lille… sans oublier Pelforth brune, Saint-Landelin, Choulette….

La bière est cette boisson alcoolisée obtenue par fermentation, fabriquée à partir d’eau et de malt (une céréale germée, généralement de l’orge), de houblon (une plante grimpante dont les fleurs parfument la bière) et de levures, cultivées ou non.
On distingue, d’une part, les bières de fermentation basse (appellées “lagers” ou “pils”) et les bières de fermentation hautes (les “ales”, généralement plus alcoolisées), toutes deux fermentées grâce à des levures de culture ; d’autre part, les bières de fermentation spontanées (levures sauvages, présentes notamment dans l’air et qui donnent les “lambic”, “gueuze”, “kriek”) et celles de fermentation mixte (combinant fermentations haute et spontanée). Quant aux couleurs de ces bières (blonde, ambrée, rousse, brune, blanche), elles résultent des types de malt utilisés.

Dans le verre et l’assiette

Les Ch’timis, fins connaisseurs en la matière, dégustent cette bière durant le repas et s’en désaltérent aussi bien au cours de la journée. La boisson participe également à l’élaboration de recettes culinaires : soupe à la bière du Nord, coq à la bière, carbonade flamande, sauté de porc à la bière, tarte à la bière, couquebaque et pâte à crèpes…

Un peu d’histoire

La bière aurait pu faire son apparition il y a huit mille ans en Mésopotamie, région des premières cultures céréalières. Toutefois, les preuves de l’existence de ce qui n’était encore qu’une bouillie alcoolisée ne sont attestées qu’au IVe millénaire avant Jésus-Christ dans la civilisation sumérienne.
Boisson des dieux en Égypte, la bière deviend celle du pauvre dans la Grèce antique et dans l’Empire romain. Au Moyen Âge, celle que l’on appelle cervoise ne cesse de se diffuser chez les peuples d’Europe du Nord, où elle remplace l’eau, souvent non potable… Bientôt, l’emploi du houblon se généralise. Et au cours du XIXe siècle, la maîtrise de la fermentation basse (grâce à la réfrigération et la pasteurisation) permettra à la bière de connaître un essor sans précédent.

De nos jours, au sein d’une Europe première productrice de bière, assurant environ le quart des volumes mondiaux (340 millions d’hectolitres), la France n’occupe que le cinquième rang des producteurs européens (près de 17 millions d’hectolitres) et le dernier pour la consommation par habitant. Cependant, plus de 300 bières différentes sont produites sur son territoire, en Alsace, Lorraine et Nord-Pas-de-Calais, mais aussi Picardie, Bretagne, Bourgogne, Franche-Comté, Corse…
Dans le Nord-Pas-de-Calais, des centaines de brasseries existaient encore au début du XIXe siècle… Il n’en reste aujourd’hui qu’une trentaine, parmi lesquelles quelques-unes ont conservé un mode de production artisanal.

Photo : Office de Tourisme de la Région de Saint-Omer