La pêche de montreuil

Île de France

Aucun commentaire Catégorie : Fruit

Description

Même si elle ne se cultive plus que de manière confidentielle, s’écoulant sur le marché local, impossible de ne pas s’attarder sur la pêche de Montreuil, tant ce fruit de luxe, soigneusement emballé, fit la renommée de la ville et de ses fameux « murs à pêches ».
Cette pêche ne correspond pas à une variété spécifique, mais résulte de l’invention d’un mode cultural unique permettant de produire ce fruit sous un climat qui lui est habituellement impropre. Parmi les variétés de pêches créées à Montreuil, les plus connues furent la Téton de Vénus (du fait de son aspect mamelonné) et la Grosse Mignonne.

La technique consistait à aligner les pêchers en espaliers, puis à les tailler au plus fin, afin de plaquer en éventail leurs rameaux contre des murs très épais. Ceux-ci, hauts de 2,70 mètres, coiffés de tuiles (pour protéger les arbres de la pluie), étaient recouverts de plâtre. Ce plâtre, extrait du sous-sol gypseux du plateau de Montreuil, permettait de refléter la lumière le jour tout en emmagasinant la chaleur pour la restituer durant la nuit, ce qui préservait des gelées nocturnes et accentuait la précocité du mûrissement. Dans ces parcelles étroites, orientées nord-sud, la température pouvait se montrer supérieure de 9 ° à 12 °C à la température ambiante !
Pour s’adapter au terrain du plateau, les variétés de pêchers étaient greffées sur des amandiers porte-greffe, mieux résistants. Chaque parcelle comportait en partie centrale des pêchers ou des pommiers, complétés par des cultures florales, des framboisiers, de la vigne, qui assuraient un complément de revenu aux arboriculteurs.

La pêche de Montreuil, dont la culture remonte au XVIIe siècle, acquis sa réputation grâce à sa présence à la Cour de France. S’exportant vers les grandes tables européennes (de la reine d’Angleterre au tsar de Russie), sa production restera florissante jusqu’au milieu du XXe siècle. En 1870, 17 millions de fruits furent ainsi produits.

Mais, à la fin du XIXe siècle, avec l’extension du chemin de fer, les pêches du Midi envahirent les marchés parisiens, signant le déclin irrémédiable de la pêche de Montreuil. Les vergers et les murs se verront progressivement détruits et noyés dans le tissu urbain. De nos jours, des 600 kilomètres de murs à pêche, n’en subsistent plus qu’une grosse quinzaine de kilomètres, largement dégradés, que l’association MAP (Murs à pêches) s’efforce de sauvegarder. Dans quelques clos, des passionnés cultivent encore leurs pêches. Symbolisant la belle saison, elle se déguste de la mi-juin à la mi-octobre : nature, en pâtisserie, en compote, en confiture, mais aussi poêlée au beurre ou pochée en accompagnement de viandes blanches.

Cette pêche est restée profondément incrustée dans la mémoire collective, figurant sur le blason des villes de Montreuil et de Bagnolet, et des noms de quartiers ou des enseignes de cafés y font allusion.

Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.

A propos du membre

Frédéric Zégierman Valence (26000)

Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.

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Les terroirs de pêche de Montreuil