La crêpe bretonne

Bretagne

Aucun commentaire Catégorie : Pâtisserie

Description

Si la crêpe est universelle, son port d’attache, en France1, se situe en Basse Bretagne, précisément en Cornouaille, où elle participe au rayonnement de l’identité gastronomique bretonne toute entière au travers des deux ou trois milliers de crêperies qui la célèbrent. Elle se présente sous l’apparence d’un disque (de 30 à 40 cm de diamètre) de pâte cuit sur les deux faces, très fine et alvéolée, d’une teinte jaune clair. Pour la confectionner, on mêle de la farine de froment, du lait, des œufs entiers, du beurre fondu, du sucre semoule et du sel. Certaines exhalent des apports de vanille, de cannelle, de fleur d’oranger, de rhum ou de lambig (eau-de-vie de cidre).
Il perdure aussi une crêpe de sarrasin, jadis, très répandue en Basse Bretagne (la plupart des crêperies ont abandonné sa fabrication pour privilégier la galette de blé noir, facile à garnir, car moins friable), incorporant du blé noir à la farine de froment et sans adjonction de beurre dans la pâte, ce qui la rend très croustillante.
Fourrée au sucre, à la confiture, au Nutella, aux pommes confites, arrosée de citron, surmontée d’une boule de glace ou flambée au Grand-Marnier, il existe mille et une manières de magnifier une crêpe… avec, bien sûr, une bolée de cidre! Dans la rue, les effluves émanant de sa cuisson habillent nos cœurs d’enfants de souvenirs de la Chandeleur aussi impérissables que ceux suscités par les marrons chauds de Noël !

Les crêpes se retrouvent au cours des civilisations souvent associées à toute une symbolique festive. Leur rondeur dorée représentait le disque solaire triomphant de l’hiver et marquant le retour du printemps. A l’ère chrétienne, cette fête s’accompagnait d’une procession aux chandelles en l’honneur de la présentation de Jésus au Temple. Elle deviendra la Chandeleur, la fête des lumières et de la purification de la Vierge. Elle célébrera le dernier jour « gras » (mardi-gras), réapparaissant à la Mi-Carême. Tout un rituel reste lié à la confection des crêpes, tel celui de faire sauter les crêpes de la main droite en tenant une pièce dans la main gauche, afin de favoriser la prospérité durant l’année. On gardait aussi la première crêpe dans une armoire, gage de récoltes abondantes…
En Bretagne, la crêpe constituait le repas de base. Dans la tradition paysanne régionale, le repas de crêpes se faisait une fois par semaine, souvent le vendredi. La crêpe s’obtenait en battant longuement la pâte " au poing " et se cuisait, sur les deux faces, sur deux tuiles, pierres ou biligs en fonte. De nos jours, l’industrie agroalimentaire a automatisé sa fabrication, lui faisant gagner en praticité ce qu’elle a perdu en arôme…

1 De nombreuses régions possèdent une tradition crêpière, du Poitou (briffauts, crêpes dures) à la Picardie (ficelles picardes) aux Ardennes (vautes), et de la Champagne (tantimoles), à l’Alsace (eierkuchen) à la Provence, en passant par le limousin et l’Auvergne (tartouilles) et la Gascogne (crupets)…

Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.

A propos du membre

Frédéric Zégierman Valence (26000)

Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.

Vous devez être membre pour pour poster un commentaire. Inscrivez vous ou connectez vous

Les terroirs de crêpe bretonne