Se développant en forme de triangle au nord-ouest de Castres, entre la rive droite de l’Agout au sud (en bordure du Lauragais) et son affluent, le Dadou, au nord (en bordure de l’Albigeois), le Castrais actuel ne recoupe qu’une moitié de la puissante vicomté médiévale dont il se veut l’héritier.
Cette région essentiellement agricole présente un enchevêtrement de croupes molassiques, de vallons verdoyants dominés par des puechs1 n’excédant pas 300 mètres, l’ensemble composant de jolis paysages ponctués de haltes intéressantes.
Si la polyculture bénéficie d’une bonne pluviométrie, elle pâtit en revanche de la taille modeste de ses exploitations, qui n’ont pu profiter de l’exode rural. Aux cultures céréalières et au tabac s’associe souvent l’élevage. Les « broutards » sont des agneaux achetés dans la montagne et engraissés. Les troupeaux de moutons, les vaches laitières, les volailles, font oublier qu’hier le Castrais devait sa réputation à l’élevage des mulets. Sur le plan industriel, le textile et le travail du cuir ont joué un rôle prépondérant, comme le rappelle le gros centre mégissier de Graulhet, en relation avec la bonneterie de Castres et le délainage de Mazamet (Montagne Noire).
Fermée au sud par la sombre barrière de la Montagne Noire et à l’est par le plateau granitique du Sidobre, la plaine de Castres s’inscrit dans la dépression qui rejoint la plaine de Castelnaudary via la plaine de Revel. Longue d’une trentaine de kilomètres, cette plaine castraise donne des prairies bien vertes consacrées à la production laitière, entre lesquelles coulent l’Agout, le Thoré et d’autres rivières secondaires.
Castres, dont l’âge d’or coïncide avec celui du fameux « triangle bleu » (Toulouse-Albi-Carcassonne) tirant sa richesse du pastel, est une cité industrieuse qui a pâti du déplacement de la préfecture à Albi. On y admire les maisons de tanneurs et de teinturiers sur la rive gauche de l’Agout.
Gastronomie
Produits et spécialités : charcuterie (pâtés, friton, bougnette, saucisse de couenne, melsat, coudenou, boudin galabart), fetge2 (radis au foie salé), gras-double au safran (gras-double à l’albigeoise), cassoulet, fricassée de poulet à la castraise, écrevisses au safran, ail rose de Lautrec (soupe à l’ail rose), aïgo boulido, soupe de fèves.
Desserts : mesturet, pumpet (pâtisserie localisée au sud de Castres), navette (navette Albigeoise), curbelet.
1 puech (ou pech) est un mot occitan qui signifie mont, colline.
2 Fetge, voir Languedoc-Roussillon.
Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.
A propos du membre
Frédéric Zégierman
Valence (26000)
Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.
