Partie orientale de l’ancienne province de la Marche1, la Haute Marche (correspondant au département de la Creuse) déploie une vaste plateau granitique à une altitude de 450 mètres, parsemé de mamelons arrondis et traversé (du sud-est au nord-ouest) par la vallée de la Creuse, que rejoint au nord son confluent, la Petite Creuse.
Plusieurs entités s’y individualisent à ses extrémités : au nord-ouest, le Dunois (autour de Dun-le-Palestel), entre la rive gauche de la Creuse, les vallées de la Seiauve et de la Sédelle, dont les vallons riants, les gorges pittoresques et les charmants villages attirèrent une pléiade de peintres2 au XIXe siècle ; au nord-est, le Boussacois ; au sud, la région d’Aubusson ; vers le centre-est, la région de Chénérailles, semée d’étangs et de châteaux; enfin, le centre « névralgique », le Guérétois (arrondissement de Guéret).
Partout, en Haute Marche, les bois (où l’on ramasse cèpes, girolles, coulemelles, rosés, mousserons, pieds-de-mouton, trompettes-de-la-mort) se marient aux herbages, enclos de haies vives (aubépines, noisetiers), dans sa partie septentrionale, de murets en pierres sèches argentés de lichens, dans sa partie méridionale. De blancs bovins charolais y broutent aux côtés des vaches limousines à la robe fauve. Les maisons traditionnelles voient leurs murs de granit bleuir, grisailler ou rosir selon les sous-sols qui les portent.
Guéret, paisible petite préfecture commerçante, capitale de la Haute Marche, est entourée de collines boisées.
Gastronomie
Bréjaude, bourriquette, potée limousine, charcuterie (grillon de porc, confit de porc, boudin aux châtaignes, andouille de viande), viande de chèvre (gigot de chèvre sauce poivrade de Bellegarde-en-Marche), de mouton, d’agneau du Limousin, de bœuf limousin (pièce de bœuf à la creusoise) et de veau de lait sous la mère, poissons des rivières et étangs (truite fario, carpe, brochet, perche, tanche, gardon, goujon, ablette, vairon), pâté de pommes de terre, fondu creusois, farcidures (voir mique et milhassou), galetou (tourtou), pâté de cèpes, spécialités de cèpe3 (omelette aux cèpes, cèpes farcis), fricassée de champignons, salade de pissenlit, tomme fermière du Limousin.
Légumes (pomme de terre, chou, rave du Limousin), et fruits (pomme du Limousin, poire, noisette).
Dessert : clafoutis, flognarde, creusois et gâteau aux noisettes d’Aubusson, croquet de Felletin (aux amandes). Devenu rare : coq des Rameaux (gâteau en pâte sablée représentant un gallinacé parsemé de grains de sucre multicolores).
Douceurs : noisettine aubussonnaise (coque de sucre fourrée aux noisettes). Boisson : cidre.
Boussacois (micropays de la Haute Marche)
A l’extrémité nord-est du Limousin, la région de Boussac, baignée par les méandres de la Petite Creuse, assure la transition entre les plateaux de la Haute Marche et les plaines berrichonnes : champs céréaliers, routes droites, chemins bordés de haies, arbres isolés, bois rares, maisons basses en plantent le décor.
Au sud, le massif de Toulx-Sainte-Croix soulève ses moutonnements de bois de châtaigniers, ses bocages de haies vives et de murets de pierres sèches, ses délicieuses routes ombragées, ses singuliers entassements de blocs de granit (objets de légendes) et ses maisons fortes…
Boussac, dominée par son château, est une ancienne sous-préfecture qui reste renommée pour ses foires et ses produits du terroir.
Région d’Aubusson (micropays associé la Haute Marche)
Au sud-est de la Haute Marche, la région d’Aubusson exerce un contrepoids économique face au Guérétois (Guéret). Le pays aubussonnais, situé entre Combraille (dont il est séparé par les berges de la Tardes) et Montagne limousine, s’étend de la zone d’étangs, au nord (étangs de Pinaud, de la Combe, de Brûleboeuf, des Moines…), à la région autour de Felletin, au sud.
Aubusson, capitale française de la tapisserie, est arrosée par la Creuse et son affluent, la Beauze. Placée sur l’axe Limoges-Clermont-Ferrand, la sous-préfecture de la Creuse fut longtemps une étape gastronomique de choix avec pour spécialités le pâté aux boulettes (sorte de tourte garnie de boulette de viande, proche de la tourte limousine, autrefois confectionnée pour la Sainte-Barbe, fête de tapissiers) et le gâteau aux noisettes.
1 « Marche » militaire, mais aussi linguistique entre langues d’oïl et d’oc.
2 Plus de huit cent peintres paysagistes, derrière George Sand, Guillaumin, Picabia, Monet, immortaliseront ces lieux (allant de Glénic à Crozant) sur des toiles accrochées dans les plus grands musées du monde, contribuant à faire de l’Ecole de Crozant l’égale d’autres mouvements picturaux tels l’Ecole de Barbizon ou l’Ecole de Pont-Aven.
3 Cèpe voir à région Aquitaine.
Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.
A propos du membre
Frédéric Zégierman
Valence (26000)Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.