Promontoire calcaire dominant l’estuaire de la Gironde, le Blayais porte des campagnes accidentées drapées de vignes. Les barres argilo-calcaires ou sablo-argileuses du sous-sol, d’inégale dureté, expliquent les effets de l’érosion : coteaux et vallons secouent une fine marqueterie de vignobles, espacés de bois, que ponctue un habitat dispersé où s’impose la maison en pierre de Bourg, légèrement roussie par le sable des enduits. Les vins du Blayais, d’un excellent rapport qualité-prix, ne cessent de s’améliorer grâce à l’œnologie. La frange riveraine produit des rouges savoureux, tandis que l’arrière-pays (élevage laitier, céréales, primeurs), jusqu’en lisière des landes saintongeaises, au sol sableux, s’est tourné vers des blancs de consommation courante, hier destinés à la distillation. Du Blayais au Bourgeais dominent de petites exploitations d’une dizaine d’hectares.
Au nord du Blayais, le marais de Saint-Ciers-sur-Gironde (correspondant à l’ancienne seigneurie du Vitrezay), gagné sur l’estuaire au XVIIe siècle par des ingénieurs hollandais, étale le charme venteux de ses platitudes céréalières, de ses prairies d’élevage, compartimentées de canaux. Les marais, plantés de joncs et de saules, abritent une avifaune remarquable. Certaines parties du marais, trop tourbeuses, sont abandonnées et voisinent avec des productions maraîchères.
Entre Blaye et Bourg, l’étroite route « du bord de l’eau » délivre des points de vue sur l’estuaire, vers lequel s’avancent d’insolites cabanes de pêche sur pilotis.
Le bac reliant Blaye au Médoc permet d’admirer la citadelle.
Au confluent de la Dordogne et de la Garonne, le Bourgeais (zone d’un rayon de 6 à 10 kilomètres autour de la localité de Bourg-sur-Gironde, comprise entre le Blayais et le Cubzaguais) surveille de ses falaises à 50 mètres la presqu’île d’Ambès et ses installations pétrolières. D’un relief plus marqué que celui du Blayais, ses campagnes méticuleusement agencées de vignobles (il est cinq fois moins étendu que le Blayais pour une production viticole égale) chérissent les cépages merlot, cabernet et malbec, et donnent les excellents « côtes-de-bourg », production à laquelle se rajoutent les crémants de Bordeaux. La fameuse pierre de Bourg, extraite des carrières locales, a contribué à la noblesse des châteaux et échoppes (maisons basses) du Bordelais.
Gastronomie
Avec le caviar de la Gironde qui renaît, les spécialités phare sont l’alose, l’anguille, la pibale1, le mulet et la gatte de l’estuaire. De Blaye à Libourne, l’on cuisine la lamproie au vin rouge et l’on parfume les crevettes au fenouil, à l’anis.
Grandes productions : viandes bovine (bœuf de Bazas et bœuf blond d’Aquitaine) et ovine (agneau de Pauillac), gibier, primeurs (fraise, asperge2, pois, kiwi… aillet).
Spécialités : poisson à la bordelaise, pibales sautées à l’ail, sauce bordelaise (entrecôte à la bordelaise), tricandille, cèpes à la bordelaise, omelette à l’aillet…
Egalement : cruchade (voir région Poitou-Charentes).
Desserts : canelé, merveille, prasline de Blaye.
Spiritueux : fine de Bordeaux.
1 Pibale, voir civelle à région Poitou-Charentes.
2 Voir asperge des sables des Landes.
Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.
A propos du membre
Frédéric Zégierman
Valence (26000)
Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.
