Forteresse naturelle posée entre la Champagne et la Lorraine, l’Argonne forge son identité géographique autant sur une côte qui doit sa forme particulière à la présence de gaize (grès siliceux entrant dans les constructions au même titre que la brique) que sur le manteau forestier qui la recouvre sans discontinuer, témoin des âpres combats de la Grande Guerre.
Ces paysages profondément vallonnés, où l’élevage des bovins prédomine, riches en sites pittoresques, ombragés de futaies (hêtres et chênes essentiellement, bouleaux, érables, épicéas et douglas…) giboyeuses et champignonneuses, sillonnés de cours d’eau poissonneux, sont un havre pour les amoureux de la nature.
Au sens strict, le massif de l’Argonne s’étend sur 35 kilomètres, de Passavant-en-Argonne à la vallée de l’Aire, large tout au plus d’une douzaine de kilomètres. Au sens large, le pays occupe un vaste rectangle de 70 kilomètres de long sur une trentaine de large, de la vallée de l’Aisne, au sud, au canal des Ardennes, au nord, où elle englobe le Vouzinois (région de Vouziers, qui se confond avec les crêtes préardennaises). Au sud, l’enveloppe méridionale de l’Argonne occupe une zone vallonnée parsemée d’étangs où l’Aisne musarde, dite autrefois Argonnelles. A l’ouest, la côte argonnaise retombe sur une zone indécise appelée Vallage de l’Aisne ou Vallage d’Argonne, faisant transition avec les plats reliefs dénudés de la Champagne crayeuse. Mise en valeur par de grandes exploitations, la culture céréalière s’y associe à l’élevage des bovins. A l’est, enfin, l’Argonne se mêle de façon imprécise aux pays lorrains (Woëvre, Val de Meuse, Barrois).
Sainte-Menehould (prononcer « menou »), sous-préfecture de la Marne, passant pour la capitale de l’Argonne, a associé son nom de manière indéfectible au pied de cochon (servi pané).
Produits du terroir : gibier (sanglier, marcassin, chevreuil, lièvre), poissons (carpe, truite, tanche, chevesne, gardon, goujon, vairon), champignons (girolle, cèpe, pleurote, trompette de la mort, coulemelle…), charcuterie (jambon sec d’Ardenne), volailles (poulet fermier) et terrine, confit et foie gras de canard, boudin de lapin, saucisson d’Argonne, cendré d’Argonne (fromage au lait de vache), légumes et fruits (pommes, prunes dont norberte), confitures (dont confiture de prune norberte), miel, pain d’épices…
Spécialités : pied de porc à la Sainte-Menehould (mais aussi oreilles de porc, queue de bœuf, tête de veau, pieds de veau, paupiettes de veau, cous de mouton et même… raie à la Sainte-Menehould, sans oublier la sauce Sainte-Menehould !), salade au lard.
Desserts : galette au sucre, gâteau mollet, tarte aux prunes, tarte aux myrtilles, tantimolle (crêpe molle et épaisse), beignet au pomme, gomichon1.
Boissons : jus de pomme, cidre bouché, bière2, eau-de-vie, hydromel.
1 Pomme cuite en pâte. Voir à rabote picarde (région Picardie).
2 Petite activité brassicole au nord de l’Argonne, dans la partie incluse dans le département ardennais (voir à bière des Ardennes).
3 photo JM. Lecomte – Collection CDT Marne
Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.
A propos du membre
Frédéric Zégierman
Valence (26000)
Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.
