Description
Variantes : berlingot de Carpentras (PACA), berlingot de Cauterets (Midi-Pyrénées), berlingot de Berck (Nord-Pas-de-Calais)
Le berlingot nantais, bonbon mondialement connu à la forme tétraédrique1 et bombée, se décline selon une large palette de coloris, rouge, vert, jaune, violet, blanc… et d’arômes : framboise, cassis, citron, orange, menthe, anis… Les confiseurs ne se lassent pas d’inventer des parfums « tendance » : melon, banane, ananas, chocolat, caramel au beurre salé. La mode est aussi aux bi-couleurs et aux bi-arômes: réglisse-menthe, cassis-citron, framboise-vanille, chocolat-pistache…
Le succès de cette sucrerie indémodable, plus connue que sa concurrente, la rigolette nantaise, repose sur un savoir-faire savamment orchestré. Pour lui donner tout son croquant, le sucre est cuit avec du glucose et de l’eau, mêlé avec des colorants et arômes, puis malaxé à la main sur un marbre.
En refroidissant, le mélange durcit. Parfois on procède à un étirage, dans le but de faire entrer des bulles d’air, ce qui le rend opaque : le berlingot perd ainsi en transparence ce qu’il gagne en craquant. Passé à la rouleuse, le boudin de sucre est ensuite laminé et découpé en mini berlingots. La vitrification qui succède tend à améliorer sa conservation. Le bonbon est emballé en sachets ou dans des boîtes rondes en fer, idéales à offrir ou à rapporter en souvenir. Le berlingot nantais concurrence également la dragée pour les nouveaux mariés…
Un peu d’histoire
Probablement antérieur au célèbre berlingot de Carpentras (voir à région PACA), dont il se distingue par une taille plus réduite, un aspect opaque et l’absence de rayures, le berlingot nantais serait apparu à Nantes vers les années 1830, par l’entremise d’une certaine Madame Couët. Son nom dériverait du provençal berlingau qui signifie « osselet ». Madame Couët, cantinière dans les armées du Consulat et de l’Empire à la fin du XVIIIe siècle, l’aurait rapporté d’Italie, d’une marchande qui vendait des bonbons au caramel appelés berlingozzi (le mot désignant une sorte de friandise). Après en avoir fait profiter les grognards de l’Empereur, elle en aurait ensuite transmis la recette à sa fille, épouse d’un M. Dupont, concierge place Royale, qui se serait mis à fabriquer ces berlingots dans sa cuisine, puis à en faire commerce. Une chose est, au moins, sûre : les confiseurs ont prospéré à Nantes sous l’Ancien Régime grâce au commerce du sucre, débarqué en quantités des Antilles au XIXe siècle, puis raffiné. En 1863, 63 000 tonnes de sucre sont produites à Nantes, qui occupe le premier rang en France. A cette époque, le berlingot avait la forme d’une coquille d’escargot et se vendait en cornets dans les rues de Nantes. Autre certitude : le berlingot de Cauterets (voir région Midi-Pyrénées) résulte bien de la présence de curistes nantais venus suivre des soins dans la station thermale pyrénéenne.
De nos jours, seules deux usines (Bonté, fondée en 1860, et Pinson, fondée en 1890, qui viennent de fusionner), dernières survivantes des 7 confiseries industrielles que comptait la ville, et un artisan confiseur fabriquent encore le berlingot nantais. Outre « berlingot nantais », on le retrouve sous d’autres appellations : « véritable berlingot nantais », « belle nantaise », ou encore « délicieux berlingot nantais ». On l’exporte en Angleterre, en Suède, en Finlande, au Canada, aux Etats-Unis, au Japon, en Chine !
1 De tétraèdre : présentant quatre faces triangulaires, comme une pyramide.
Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.
A propos du membre
Frédéric Zégierman
Valence (26000)
Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.
